D’après les statistiques de la FAO, 20% des terres arables sont irriguées mais produisent 40% des récoltes. L’irrigation est donc un moyen efficace d’améliorer la productivité de manière importante. Il y a pourtant des risques environnementaux liés à l’irrigation notamment la stagnation des eaux et une salinité accrue.
Les premières traces d’irrigation remontent à environ 5000 ans avant JC en Mésopotamie (Irak et Iran actuels).Ces terres semi arides situées en le Tigre et l’Euphrate ont été irriguées par les flots de l’Euphrate pendant que le Tigre servait de déversoir final. Il leur avait fallu résoudre de nombreuses difficultés techniques : stockage de l’eau, contrôle des flux, maintenance des canaux. Des problèmes de salinité de l’eau, et donc des sols, étaient déjà apparus à l’époque. Ces systèmes d’irrigation ont perduré sous une forme ou une autre pendant des milliers d’années.
En Egypte, Les inondations annuelles du Nil rythmaient la vie agricole. Vers 3000 avant notre ère, un système d’irrigation fut créé à partir du Nil pour en détourner un partie des flots vers un lac, le lac Moeris. le Moeris était composé d’un réservoir (le lac), d’un canal d’écoulement, d’un groupe de régulateurs, de prises d’eau, de barrages, etc…
Il servait en certaines saisons à suppléer au manque d’eau et à régulariser le niveau d’une immense voie d’eau parallèle au Nil destinée à la circulation, en toutes saisons, des lourds chalands nécessaires à la construction des pyramides. Le complexe hydraulique restauré sous la XII dynastie, servant à la fois à l’irrigation et aux communications, fut prolongé jusqu’au lac Mariout. Utilisé jusqu’à l’époque arabe ce canal fut successivement nommé: canal de Memphis, canal Bahire, El Asara, Bahr el Lebeini.
En Chine, des textes permettraient de dater les plus anciens travaux d’irrigation aux 7-8° avant notre ère. En l’an 2000, l’UNESCO a inscrit à ‘linventaire du patrimoine mondial un système d’irrigation mis au point au 3° siècle avant JC à Dujiangyan dans la province du Sichuan. Le système continue de réguler les eaux de la rivière Minjiang et de les distribuer sur les terres fertiles des plaines de Chengdu. Si des améliorations techniques ont été apportées depuis, le système mis au moint il y a plus de 2200 ans est toujours en état de marche.Le système principal se compose de trois parties: une digue séparatrice d’eau en forme de bouche de poisson, deux déversoirs qui servent à décharger les eaux et la vase, et un canal qui traverse la montagne Yulei utilisé comme une arrivée d’eau. Ces trois parties interagissent et dépendent les unes des autres. Ce système de détournement des eaux a été soigneusement conçu et pensé pour l’irrigation, le contrôle des inondations, et la navigation.
A Oman (sultanat d’Oman, sud de la péninsule d’arabie), les systèmes d’irrigation aflaj ont été inscrits au patrimoine mondial par l’UNESCO. Les plus anciennes réalisations remontent à 500 après JC mais des traces permettent de supposer que l’irrigation y était pratiquée dès 2500 avant notre ère. Aflaj est le pluriel de falaj qui signifie, en arabe classique, « diviser en parts ». Ce système conduit les eaux des sources souterraines, par gravité, pour alimenter les champs et les zones de peuplement permanents. Des tours de guet, construites pour défendre le système, sont intégrées au site.
Les systèmes mécaniques d’irrigation ont commencé avec une poulie et un treuil ; petit à petit des évolutions techniques vont complexifier ces instruments. La noria est une chaîne continue le long de laquelle sont fixés un grand nombre de seaux permettant une élévation continue de l’eau. Viennent ensuite les roues à eau (actionnées à la force des bras ou par des animaux comme la roue persane). Puis viendront les pompes, qu’elles soient à chapelet, à spirale, la vis d’archimède, volumétriques, centrifuges …
Pour admirer de beaux canaux d’irrigation (aqueducs), encore utilisés, allez donc sur l’île de Madère. Sur plus de 2000 km ces canaux qui furent conçus (d’abord en bois, maintenant en béton) dès le 15° siècle quand les premiers colons arrivèrent, apportent de l’eau potable aux villages et aux plantations agricoles. Ces levadas sont avec la végétation exubérante de l’île une des grandes richesses des paysages locaux.
Il existe de nombreuses techniques d’irrigation. En Auvergne depuis des arrêtés de 1999 et 2002, les eaux usées de Clermont Ferrand, après traitement, sont réutilisées pour irriguer une partie des champs de la Limagne (environ 700 hectares). Les golfs utilisent également cette source d’eau pour irriguer leurs espaces herbeux.
Sources :
- Can irrigation be sustainable ? Shahbaz Khana et al, Agricultural Water Management, Volume 80, Issues 1-3, 24 February 2006, Pages 87-99
- Encyclopeadia Universalis : Eau et Agriculture
- Mont Qingcheng et système d’irrigation de Dujiangyan : cousins migrateurs, 2 ans de reportage autour du monde sur 100 sites classés par l’UNESCO
- UNESCO : Mont Qingcheng et système d’irrigation de Dujiangyan
- Nouvelles données relatives au problème hydraulique du lac Moeris, Egypte Résumés de communications Goyon G. Conférence internationale sur l’égyptologie. 3 (1982)
- UNESCO : Systèmes d’irrigation aflaj d’Oman
- Les machines élévatoires, FAO 1994