Si l’irrigation fut une invention indispensable pour aider à augmenter la productivité agricole, elle n’est pas sans danger. Le principal inconvénient qui découle de ces apports en eau est la salinisation des sols, c’est-à-dire l’augmentation de la teneur en sel des sols. L’eau, même douce, contient des sels dissous. L’apport année après année d’eau même très légèrement salée va augmenter la quantité de sel dans le sol ; l’eau est absorbée par les plantes, le sol ou s’évapore mais le sel reste.
L’augmentation de la teneur en sel des sols entraine une toxicité pour les végétaux, une dégradation des sols et l’eau est de moins en moins mobilisable pour les plantes (absorbables).
Ces phénomènes sont plus marqués dans les zones semi arides ou arides qui nécessitent d’autant plus d’irrigation : l’évaporation de l’eau y est plus importante, donc les quantités apportées sont plus importantes et de là les quantités de sel accumulées également. Ces sels dissous sont essentiellement des ions sodium (Na+), et leur accumulation va petit à petit entrainer la formation de sols sodiques, très peu fertiles.
D’après la FAO, la salinisation des sols due à l’irrigation réduit la surface des terres irrigées de 1 à 2 % par an. Les terres semi arides et arides sont les plus touchées (presque un quart d’entre elles).
Si l’évaporation est importante, un apport en eau trop faible est évaporé avant d’irriguer complètement les plantes et le sol et le sel dissous s’accumule. Si les apports sont trop importants par rapport à l’évaporation et s’évacuent mal, cela va entrainer une montée des eaux souterraines par capillarité. Cette action capillaire attire les sels dissous se trouvant dans les sols vers la surface.
Les apports en eau pour l’irrigation doivent donc être calculés en fonction des taux d’évaporation, de la proximité des eaux souterraines, de la teneur en sel du sol. Une des techniques d’irrigation qui pourrait être utile dans ces cas spécifiques serait le goutte à goutte.
En France les secteurs irrigués ne sont pas spécialement menacés par la salinisation mais les terres semi arides et arides en Afrique du Nord, au Moyen Orient, en Inde sont de plus en plus menacées. En Australie, des recherches sont menées sur le type de plante qui serait le plus à même de stabiliser le niveau de sel dans le sol.
Malgré ces problèmes écologiques, il est cependant nécessaire d’augmenter les productions agricoles en Asie qui cumule 70% des terres irriguées mondiales, afin de nourrir animaux et humains. Et l’irrigation reste la solution la plus à même d’y réussir. Il faut donc rénover les systèmes d’irrigation mis en place pendant la révolution verte, les faire
évoluer vers des solutions techniquesplus précises et moins dangereuses pour l’environnement.
Sources :
- La salinisation causée par l’irrigation – CISEAU
- Extension de la salinisation et stratégies de prévention et de réhabilitation 2006 IPTRID-FAO
- Le sel de la terre : un danger pour la production vivrière – FAO
- Salinisation et sodisation des sols – IRD
- Asian irrigation must be revitalised, warns report, SciDev, août 2009