Ce sont des chercheurs américains travaillant chez General Electric, qui découvrirent en 1946 les propriétés de l’iodure d’argent pour changer le temps. La structure cristalline de l’iodure d’argent est proche de celle de la neige. L’iodure d’argent provoque une réaction alignant les molécules d’eau dans une structure similaire à celle de la glace, gelant les gouttelettes d’eau et forçant leur précipitation.
Le rendement en précipitation d’un nuage est fonction des concentrations respectives en eau liquide et en glace, entre autres paramètres. Les chercheurs américains ont montré qu’il est possible d’augmenter la concentration relative en glace par dispersion de neige carbonique (formation de cristaux par refroidissement local), ou de particules ultrafines d’iodure d’argent. Ce composé est très peu soluble dans l’eau et peut être facilement fabriqué sous forme d’aérosol.
Des expérimentations ont été faites dès les années cinquante pour minimiser les risques de grêle ou augmenter les précipitations. L’Australie fut la pionnière de cette pratique. Les décennies suivantes ce fut au tour des Etats Unis, d’Israel ou même de la France d’utiliser cette technique d’ingéniérie météorologique.
Début novembre c’est la Chine et son bureau de Météorologie de Pékin, dont la fonction est de contrôler le temps sur la capitale qui a lancé une grande opération d’ensemencement de nuages pour faire neiger sur la capitale chinoise : 185 batonnets d’iodure d’argent ont été projetés dans les nuages afin de déclencher les premières neiges (les plus précoses depuis 22 ans). Le dimanche 1er novembre, il est ainsi tombé 16 millions de tonnes de neige.
Il n’y a pas de conclusions définitives sur les bienfaits ou méfaits de cette technique. Si l’iodure d’argent n’est pas considéré comme polluant (en tout cas moins que les fumées des pots d’échappement), mais l’usage répété de cette technique pose des problèmes malgré tout. Si les chinois ont réussi à maîtriser la météo pendant les jeux olympiques de 2008 à Peking, il est difficile quand le but est de faire pleuvoir de prévoir où les précipitations et en quelles quantités elles tomberont. Ce n’est pas une science excate.
Et d’un point de vue légal, à qui appartiennent les nuages ? faire pleuvoir sur une région de manière artificielle peut léser une autre région voisine d’une précipitation « naturelle ». Les juristes en sont donc venus à se demander s’il pouvait exister un droit de propriété sur les nuages. Bien souvent, il est dit que les nuages n’appartiennent à personne car ils sont instables, fugaces et ephémères. Il existe 2 pistes de réflexion sur cette thématique parmi les juristes :
– La première consiste à considérer que l’acte de détournement de nuages n’est certes pas illicite mais qu’il peut être à l’origine de dommages significatifs, voire attenter à l’environnement notamment au-delà des limites de compétence territoriale. On se tournerait vers l’engagement de la responsabilité des États pour éviter l’abus dans l’utilisation de techniques de modifications climatiques. Mais le droit international est de faible portée pour définir la notion d’abus.
– C’est pourquoi l’idée chemine d’imposer un véritable statut juridique du nuage permettant sa gestion internationale traduisant une volonté de justice redistributive compensant des inégalités de situations géographiques.
Sources :
- Le bureau de modification de la météo, BE Chine, 17 novembre 2009
- Anelfa (Association nationale d’études et de lutte contre les fléaux atmosphériques ), études et prévention grêle
- Neiges provoquées et changement climatique : à qui appartiennent les nuages ? ambassade de France,26 novembre 2009
- A qui appartiennent les nuages ? , Michel Rogalski, site de la fondation Gabriel Péri