Une étude vient de paraître aux Etats Unis qui confirme la présence de mercure dans tous les poissons étudiés de 291 rivières et fleuves du pays. Ces poissons, tous contaminés, étaient pour un quart d’entre eux dangeureux à la consommation pour une personne consommant régulièrement du poisson et plus des 2/3 sont dangereux pour les autres animaux susceptibles de les consommer tout au long de la chaîne alimentaire.
D’où vient ce mercure ? Il est présent de manière régulière sur l’ensemble de la planète. Les sources sont soit naturelles soit anthropiques (dues à l’activité humaine).
Dans la nature ont été identifiées une centaine d’espèces minérales contenant du mercure et une dizaine d’entre elles sont exploitées par l’homme. C’est un métal fréquent dans les sites sulfurés, il est également associé à l’activité volcanique (peut-être responsable de 55% des émissions de mercure dans l’atmosphère). En Europe, le site le plus important qui est été exploité est Almaden en Espagne, issu d’un système hydrothermal lié à un système volcanique ayant fonctionné plus d’un million d’années. Certaines eaux thermales contiennent aussi du mercure.
Les plantes absorbent du mercure et le rejettent au moment où elles se décomposent. Le fond des océans contiendrait un énorme gisement de mercure au sein des couches sédimentaires. C’est la phase gazeuse du mercure qui se diffuse dans ces cas là. Cette phase gazeuse va s’oxyder, à l’interface liquide/gaz des microgoutellettes des nuages et du brouillard qui vont ainsi le répandre sur toute la surface de la terre.
Si pour l’instant il n’y a pas de preuve de risques sanitaires associés directement à cette pollution naturelle, il n’en est pas de même pour la pollution anthropique au mercure. Le personnel ayant travaillé ou travaillant à l’extraction du mercure, ou l’utilisant dans les mines d’or peut être atteint d’hydrargyrisme (trouble neuronaux, problèmes sanguins, atteinte rénale). La combustion de charbon, d’hydrocarbure relâche également des quantités non négligeables de mercure dans l’air. La combustion des résidus industriels ou des ordures ménagères est également source de pollution au mercure ; les cimenteries en rejettent aussi. Les amalgames dentaires sont aussi une source de pollution non anecdotique.
Néanmoins, il semblerait que le risque majeur de santé se présente lors de la consommation de produits alimentaires contaminés, notamment les poissons. Lorsque le mercure se transforme, suite à divers processus chimiques, en méthylmercure il va alors se bioaccumuler, c’est à dire s’accumuler dans les tissus vivants. Cette accumulation grandit à chaque étape de la chaîne alimentaire. Cette bioaccumulation entraîne la bioamplification. Le coefficient d’amplification évolue entre 4 000 et 100 000. Les seules catastrophes connues sont d’origine anthropique, au Japon (1953-1971), l’empoisonnement par les poissons et les coquillages de la baie de Minamata ou, en Irak (1971-1972), l’empoisonnement par du pain fait à partir de blé dont les grains de semence avaient été traités par un pesticide à base de mercure.
Si aux Etats Unis, la situation des rivières et fleuves est préoccupante qu’en est-il en Europe ? L’Union Européenne, qui a adhéré à l’objectif « zéro émission de mercure à l’horizon 2020 » lancé lors de la conférence de Johannesburg, a décidé de bannir le mercure de l’industrie d’ici le 1er juillet 2011, voire du 1er décembre 2010. Le mercure est reconnu depuis la Directive Eau comme une substance prioritaire nécessitant une surveillance et un plan d’action pour son contrôle. La quantité maximale de mercure dans les eaux de surface ne doit pas dépasser 0.05 μg/L. La quantité mesurée de methylmercure dans les espèces marines ne doit pas dépasser 0.20 µg/kg (poids sec).
Les mesures effectuées en Europe tendent à montrer des chiffres inférieurs à ces limites. Mais des exceptions existent notamment à proximité de certains sites polluants.
Rappels : le mercure est sous une forme liquide à température ambiante et sa température d’ébullition est de 357°C. le métal est extrait en chauffant le cinabre (un des minéraux en contenant le plus) et en condensant la vapeur.
Sources :
- Rivières : le mercure nage comme un poison dans l’eau
- Mercure et environnement : revue écomine, BRGM, mai 2005
- Mercure naturel et santé : revue écomine, BRGM, juin 2008
- Trends in concentration of cadmium and mercury at river stations included in the EU Exchange of Information Decision
- programme européen Socopse, synthèse mercure, juin 2008