J’avais entendu dire que l’eau potable ne coûtait pas cher ici, mais comme je n’ai pas la moindre idée du montant de ma facture d’eau je ne pouvais pas confirmer ou infirmer cette donnée. J’ai donc profité de la lecture d’un rapport du Conseil économique et social sorti fin mai 2009 pour en savoir plus.

En France, selon ce rapport, le prix moyen au m³ de l’eau potable était de 3,01€ (la moyenne européenne est 3,40€) en 2009. En Auvergne, les moyennes départementales étaient inférieures à ce chiffre en 2009 : 2,6€ pour l’Allier, 2,4€ pour le Puy de Dôme, 2,2€ pour le Cantal et 2,3€ pour la Haute Loire.

L’Auvergne est-elle toujours moins chère que les autres régions?

En vue d’améliorer le service public de l’eau, France Libertés et 60 Millions de Consommateurs ont lancé, le 22 mars 2011, l’Opération Transparence, grande enquête collaborative auprès des citoyens (10 000 participants, 4 000 factures exploitables analysées).

Consulter l’intégralité des résultats dans le numéro d’avril 2012 de 60 Millions de consommateurs.

Mais comment est déterminé ce prix de l’eau ? Et pourquoi varie-t-il tant d’un département à l’autre en France ? Si dans le département des Hautes Alpes, le m³ ne coûte que 1,9€, dans le Morbihan, il coûte 4,1€ !

Ce prix de l’eau potable recouvre en fait deux services distincts : d’une part la production et la distribution de l’eau potable (59%) et d’autre part l’assainissement (41%). En tant que consommateurs nous supportons la quasi totalité des dépenses liées aux investissements et au fonctionnement. La consommation moyenne annuelle d’eau potable est estimée par personne à 120 m³. Notre facture comprend une part fixe, l’abonnement et une part variable calculée selon notre consommation.

L’abonnement ne peut pas être supérieur à 40% du coût du service (arrêté du 6 août 2007) pour les communes urbaines et 50% pour les communes rurales. Les coûts de l’abonnement sont en fait très disparates puisqu’ils peuvent varier de 26€ en Ile de france à 109€ en Corse. Le prix moyen pondéré de l’abonnement pour toute la population du département du Puy de Dôme au premier janvier 2007, est de 31,07 € H.T. Pour une consommation de 120 m3, l’abonnement représente en moyenne 20 % du coût de l’eau potable hors taxes dans notre département.

Les services de l’eau sont des services publics relevant de la compétence des communes ou intercommunalités. Elles arrêtent le tarif de l’eau par une délibération de leur assemblée. En gestion déléguée (à une entreprise privée), l’autorité territoriale fixe le prix et les clauses d’indexation du prix au début du contrat (avec révision quinquennale). Lorsque l’eau est gérée en régie, le prix est arrêté tous les ans.

L’argent de nos factures est versé à plusieurs destinataires :

• les agences de l’eau (pour la préservation des ressources en eau et la lutte contre la pollution)
• l’Etat (dont la part TVA)
• les collectivités locales
• les délégataires (entreprises privés)

Le prix de l’eau évolue à peu près au même niveau que l’inflation (2% par an). Et la part assainissement augmente depuis 20 ans du fait de la mise en oeuvre de la directive « eaux résiduaires urbaines » (avec une hause des redevances des agences de l’eau sur la période 2007-2012).

Il existe 5 grands types de facteurs expliquant les disparités de prix de l’eau :

• Les facteurs géographiques : qualité de la ressource en eau qui influe sur la quantité de traitement de potabilisation à appliquer, la topographie des lieux, la densité de l’habitat.
• Les facteurs techniques : qualité et sensibilité du milieu recevant les eaux polluées, le niveau de sécurisation de la ressource en eau.
• Les facteurs sociologiques : consommation moyenne des usagers, saisonnalité de la population (flux de touristes).
• Les facteurs de gouvernance : mode de planification des investissements, politique patrimoniale, niveau de conformité des installations.
• Niveau de la qualité de service : accueil, information, assistance téléphonique, mode d’envoi et de règlement des factures…

En Auvergne, les ressources en eau potable sont surtout les nappes fluviales de l’Allier, de la Loire et du Cher (60% de la population du Puy de Dôme est alimentée en eau grâce à ces nappes et 68% de la population de l’Allier). L’eau issue de ces nappes a une minéralisation faible à moyenne. L’eau potable est de bonne qualité et les points de captage sont, pour l’immense majorité, bien protégés par des périmètres de protection imposés par la loi.

En Auvergne, j’ai donc la chance de ne pas payer cher une eau de bonne qualité qui ne laisse pas de cailloux au fond des bouteilles. J’ai bien fait d’y emménager…

Sources :

• Les usages domestiques de l’eau, rapport du Conseil économique, social et environnemental, mai 2009, Avis présenté par M. Paul de Viguerie.
• Les prix de l’eau potable dans le Puy de Dôme, DDEA du Puy de Dôme, décembre 2008.