Au Nord Ouest du département de l’Allier, au contact du Berry et du Bourbonnais, s’étendent les 10 600 hectares de la forêt de Tronçais, consacrée plus belle chênaie d’ Europe. On trouve au sein de la forêt une quarantaine de fonts dont les plus connues sont la font du grand gué, la font Jarsaud, la font de Tronçais, la font des Porchers et pour ce qui nous intéresse, la font de Viljot.
Dans les années 30, lorsque l’on voulait montrer une « forêt parfaite aux élèves de l’école forestière de Nancy » on les conduisait à Tronçais (Le Parisien, 1938). La superficie de la forêt n’a pas beaucoup varié depuis et on peut toujours dire que c’est une très belle forêt.
Photo Hugoclmnt
La forêt de Tronçais est une tache verte et un véritable poumon pour l’Allier. La forêt se situe à l’extrême nord de l’Auvergne. Elle est gérée par l’Office national des forêts (ONF). Elle s’étend sur les communes de Braize, Cérilly, Isle-et-Bardais, Le Brethon, Meaulne, Saint-Bonnet-Tronçais, Urçay, Valigny et Vitray. Elle est arrosée principalement par 2 rivières : La Marmande et la Sologne.
Le Parisien (1938)
La forêt de Tronçais compte en son sein 5 étangs. Sur ces cinq étangs, seul celui de Saint-Bonnet est naturel, les autres ont été créés par l’homme pour les besoins des forges (Tronçais, Saloup, Morat) et pour le canal du Berry (Pirot). Ils ont été créés à l’aide de barrages sur les rivières précédemment citées. Pour en savoir plus.
L’étang de Saint Bonnet de Tronçais
Si l’étang de Saint Bonnet de Tronçais (plan d’eau de 45 ha) est naturel, sa plage elle, ne l’est pas. Elle a été créée et aménagée par un certain Greuzat. Colbert, en 1670, fit dressé l’inventaire de la forêt royale de Tronçais qui provenait de la confiscation des biens du connétable de Bourbon (Charles III, duc de Bourbon qui, s’estimant mal traité par François Ier, se mit au service de l’empereur Charles Quint). Le nom de l’étang de Saloup viendrait du surnom du seigneur qui vivait au XVIème siècle au château de Mazières. « Sale loup » est devenu « Saloup ».
On trouve dans la forêt environ 40 fontaines appelées fonts*(A droite une photo de la font Viljot à la fin du XIX ème siècle). Leur présence est apparemment liée à l’occupation de la forêt au cours de l’histoire. À proximité de certaines d’entre elles, on trouve des sites préhistoriques. Elles sont dans des états variées et certaines ont quasiment disparu. On peut citer la font des Andars qui guérissait la lèpre, la font de la Bouteille qui était un lieu de prières contre la sécheresse, la font Saint-Martin qui était souveraine pour les enfants rachitiques, la font Pissoire …
La font de Viljot forme un bassin qui sert de source à un petit ruisseau. Claire et abondante, elle sourd en une large vasque de pierre construite à la Belle Époque par les Eaux et Forêts qui, sur la margelle en ciment, avaient inséré en 1900 une inscription consacrant la fontaine à Velleda.
Malheureusement, l’inscription est aujourd’hui disparue, effacée. La fontaine est située à proximité d’un site gallo-romain important. Selon la tradition, un couvent et une église s’élevaient en ces lieux au Moyen-âge. Ils auraient été engloutis à cause des sacrilèges accomplis par les moines qui y vivaient.
Gérard Charbonnel 2007
Une première légende raconte qu’il y avait autrefois, au cœur de la forêt, une cité ancienne appelée Io (ou Villejo, Viljo, Viljot), merveilleuse cité gallo-romaine d’une époque oubliée. La cité aurait été engloutie par la source qui lui fournissait son eau, punition infligée aux habitants pour avoir négligé de répondre à un appel de saint Mayeul. D’autres disent qu’une maladie pestilentielle aurait anéanti la population jusqu’à la dernière personne, exposant la cité à l’attaque et à la destruction. Il ne reste aujourd’hui que la fontaine, c’est-à-dire la source elle-même ; la nuit de Noël, quand on se penche sur l’eau sombre, il paraît qu’on peut entendre le carillon de l’église disparue il y a si longtemps.
Une deuxième légende veut qu’autrefois les jeunes filles qui espéraient se marier disposaient une épingle sur les hautes herbes autour de la fontaine ; si l’épingle n’était plus là au bout d’un mois, le mariage était imminent. Ou bien une épingle ou une aiguille étaient lancées dans la fontaine. Si le projectile choisi coulait jusqu’au fond, le cœur de l’homme aimé avait été ‘piqué’. La tradition continue, sous une forme différente : puisque l’eau est claire et limpide, les pièces d’argent lancées à l’eau par des filles pleines d’espoir ou bien par des visiteurs qui font leurs vœux sont très visibles.
* Font, « la fontaine » ou « la source » souvent francisé à tort en « fond » : Souvent le nom découle de la situation de la première maison : bâtie prêt d’une fontaine. Il existe plusieurs exemples en Auvergne : Fontfreide, La Font de l’Arbre, Fontanas, Fontbeloux,… (dans le Puy de Dôme), Fontanges, Fridefont, … (dans le Cantal), Fontannes (en Haute-Loire).
Sources Bibliographiques :
- Le site d’Allier tourisme. Cliquer ici
- L’Article de Planète Belle Auvergne. Cliquer ici
- L’article de Wikipédia. Cliquer ici
- Le site de Baignerea. Cliquer ici ou Cliquer ici
- Le Petit Parisien : journal quotidien du soir , 1938/11/14 (Numéro 22538)
- La présentation de Laura Brookes étudiante de français troisième année University of Tasmania. Cliquer ici
- La Revue du Plateau central : organe de la Fédération des originaires du Plateau central, 1938/09 (A16,N160).
- Les fontaines de la forêt de Tronçais